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HISTOIRE DU DIOCESE DE CAMBRAI

 

On ne peut comprendre la genèse de ce Diocèse qui a marqué l’histoire de notre contrée, sans évoquer très succinctement les contextes politiques et religieux dans lesquels il a pris naissance, puis évolué au cours du moyen âge.

La recherche de l’origine du terme « en CAMBRESIS » à la suite de FOREST nom du village,  a conduit l’auteur à s’intéresser à l’histoire du diocèse de Cambrai qui fait l’objet de cet article. S’il n’a pas trouvé une réponse certaine dans celle-ci, il formule une hypothèse que le lecteur découvrira dans le texte.

L’arrivée du christianisme dans notre région

L’on sait qu’avant la conquête de César (57 ans av. J.C.) les Belges, qui s’étaient installés au nord de la Gaule, représentaient les premiers peuples civilisés. Organisés en tribus obéissant aux mêmes chefs, l’une d’elles, sans doute la plus importante, les Nerviens, vivait entre la haute vallée de l’Escaut et le cours presque entier de la Sambre. Les Romains, malgré la résistance acharnée que leur avaient opposée ces derniers, leur accordèrent des privilèges et la « Pax Romana » s’installa dans leur pays.

Plus tard, sous l’empereur Auguste, la Nervie devint une « civitas » avec Bagacum (Bavay) comme capitale, laquelle allait connaître un développement considérable aux 1er et 2ème siècles. Elle occupait en effet une situation stratégique déterminante, véritable plaque tournante située au carrefour des voies de communication romaines, renforcée par l’existence d’entrepôts militaires. 

A l’avènement de l’empereur d’orient Constantin (306/312), le Christianisme, nouvelle religion, était encore faiblement installé dans notre région. Ses origines sont d’ailleurs incertaines ; il y avait certes quelques implantations essentiellement urbaines avant les grandes invasions qui débutèrent en 406, mais la très grande majorité des campagnes demeurait à l’écart. Cependant il semble d’après les écrits de l’époque, que Bavay possédait au IV e siècle, un évêque Nervien nommé « Supérior » ; peut-être a-t-il été un évêque évangélisateur ?

Les grandes invasions (Vandales, Suèves, Saxons, Burgondes, Alamans notamment), balayèrent à la fois christianisme et romanité ; la région fut par la suite vouée à la domination des Germains. Bavay fut entièrement dévastée et c’est Cameracum (Cambrai) qui devint la capitale des Nerviens. Cette dernière, située sur un petit plateau, proche de l’Escaut et de voies romaines importantes (accès à Boulogne et Cologne notamment), était moins exposée aux destructions des envahisseurs.

La naissance de l’immense diocèse de Cambrai

Vers 445, les Francs Saliens s’emparent de Cambrai qui devient alors la capitale d’un petit royaume. Au début du siècle suivant, Clovis fondateur de la royauté chrétienne unifie le royaume des Francs. Il charge son « catéchiste » de ré-évangéliser le nord de la Gaule ; c’est l’un de ses successeurs Wédulphe qui transférera en 540 le siège épiscopal d’Arras à Cambrai. Le diocèse de Cambrai était pour ainsi dire né. C’est à partir du VI e siècle que s’installe progressivement une véritable organisation épiscopale qui s’échelonnera sur plus d’une centaine d’années.

L’empire de Charlemagne est divisé en 3 par ses successeurs par le traité de Verdun en 843.

Le Comté de Cambrésis et par voie de conséquence le diocèse, est inclus dans la Lotharingie,   laquelle à la mort de Lothaire II en 925, se trouve rattachée au Saint Empire Romain germanique.

Le territoire du diocèse de Cambrai entièrement situé à l’est de l’Escaut, regroupe alors 500 paroisses réparties en 5 archidiaconés.

Un diocèse lié par la suite au sort de la ville de Cambrai

En 1007, l’empereur Henri II fera de l’évêque de Cambrai le Comte de tout le territoire, cumulant ainsi les pouvoirs spirituel et temporel. Le Cambrésis deviendra alors une importante principauté ecclésiastique, indépendante mais rattachée au Saint Empire. Il sera l’un des 3 principaux diocèses de Basse-Lotharingie avec ceux de Liège et d’Utrecht.

C’est au siècle suivant que naîtra la paroisse de FOREST lors de la création du village en 1180. Elle suscitera quelques débats entre l’évêque de CAMBRAI et l’Abbaye de ST DENIS (proche de Paris) qui estimait en posséder tous les droits. L’évêque de son côté prétendait qu’elle lui appartenait en vertu du droit du diocèse de disposer de cette église nouvelle. Cependant, ce dernier satisfait d’avoir fait reconnaître un droit qu’il avait mission de conserver, en fit donation à l’Abbaye de St Denis confirmée par une bulle du Pape Lucius III en 1182.

Par la suite, notamment pendant la guerre de cent ans, le petit «Etat de Cambrésis » coincé entre de puissants voisins, peinera à conserver sa neutralité. C’est parce que la ville n’a pas su faire respecter celle-ci, qu’en 1543, Charles Quint le rattachera à ses domaines.

Il s’ensuivra en 1559, la scission par la bulle du  pape Paul IV, de l’immense diocèse de Cambrai ; alors érigé en archevêché, avec 4 évêchés suffragants : Arras, Tournai, Namur et St Omer ; et 4 archidiaconés : Valenciennes, Hainaut, Brabant  et bien entendu Cambrai.

Au fil des traités de paix signés aux 16ième et 17ième siècles, la frontière entre la France et les Pays Bas occupés par les Espagnols, a fait l’objet de nombreux va et vient, le CAMBRESIS  incluant FOREST demeurait à l’intérieur du territoire des Pays Bas.

A cette époque la matérialisation des territoires étant quasi inexistante, le village de FOREST se situant en frontière, l’on peut émettre l’hypothèse que dans la pratique l’on ait ajouté « en CAMBRESIS » pour l’indiquer aux voyageurs empruntant la Chaussée Brunehaut, importante voie de communication à cette époque, qui traversait le village.  

Ce n’est qu’après le traité de Nimègue signé le 10 août 1678 que les Espagnols abandonnèrent CAMBRAI et que le village redevint Français.

Puis la carte actuelle se dessine peu à peu

En 1686, à l’occasion de tractations territoriales, le puissant chapitre des Chanoines perdit l’antique privilège de pouvoir élire son archevêque. Fénelon fut ainsi le 1er archevêque français nommé par Louis XIV.

Lors du Concordat du 15 juillet 1801, le diocèse de Cambrai perdit toute sa partie belge. Ses limites furent calquées sur celles du département du Nord créé en 1790.

Aujourd’hui ses limites ont été fixées le 25 octobre 1913, lors de la création du diocèse de Lille. Son territoire réduit correspond au sud du département du Nord, limitrophe de la Belgique au nord- est, de l’Aisne et de la Somme au sud et du Pas de Calais à l’ouest.

En 2003, l’archidiocèse de Cambrai dont la sainte patronne est Notre-Dame de Grâce compte 51 paroisses pour plus d’un million d’habitants, un peu plus de 700 000 baptisés catholiques, et environ 200 prêtres couvrent son territoire.

Georges Broxer