a   a

LA TOPONYMIE A LE FAVRIL

 

La toponymie est l’étude des noms de lieux au sens large. A travers elle, c’est l’histoire locale, l’identité d’un territoire qui s’exprime. Les dénominations originales, parfois très anciennes, parfois surprenantes, sont constitutives du patrimoine immatériel d’une commune comme Le Favril, forgent son identité et sa particularité, et changent des noms très habituels (rue de la mairie, de l’école, de l’église…) ou en dédicaces à des figures locales ou nationales.

Cette étude, envisagée au départ au sujet du seul réseau viaire, s’est vite élargie aux lieux dits, aux censes remarquables et au réseau hydrographique de la commune, tant l’un ne pouvait aller sans l’autre comme vous allez le découvrir. L’exhaustivité n’est toutefois pas garantie. D’autre part, il est étonnant de constater à la fois la pérennité dans le temps de ces appellations, mais aussi, à l’inverse, leur inconstance : certaines se perdent, ou se sont perdues définitivement, dans la mémoire collective qui ne peut plus en donner la signification. Enfin, la seule étude des voies, chemins, ruelles, routes et autres rues, au travers des documents anciens, ne laissait pas présumer la densité de sentes, chemins d’exploitations, particuliers ou de traverses, sans noms, qui maillaient le territoire de toutes parts, en des temps où la circulation à pied était la norme, aujourd’hui hélas disparus…

Sources :

- Carte dite de Cassini (levée, achevée en 1757, gravée en 1758), relativement sommaire ou approximative, et assez laconique, parfois contenant des erreurs, elle apporte toutefois par ses illustrations ou détails figurés des informations n’apparaissant plus ensuite sur les cadastres.

- « Cadastre napoléonien » (ou ancien cadastre) : il s’agit du cadastre parcellaire moderne, initié par décret dès 1791 par des levés des plans des territoires des communautés, puis prescrit par Napoléon 1er en 1807 ; il demeurera en vigueur jusque 1930 où sa mise à jour permanente devint obligatoire. Nous utilisons ici les cadastres du Concordat du 27 frimaire an 12 (1803), de 1831, puis de 1932.

- cartes IGN modernes.

- témoignages et apports de René Brunelet, maire honoraire de Le Favril, érudit local, précieux chercheur et conservateur des éléments historiques relatifs au village.

 

LE FAVRIL :

On se saurait commencer cette étude sans s’intéresser au nom même du village. Faveriil, Villa faverilli (cartulaire de l’abbaye de Maroilles-1169), Faverillum (idem-1169) au XIIème siècle, Faverilla, Faveril (recueil d’actes romans Tailliar-1247) au XIIIème siècle, Fabvril (cartulaire de Maroilles-1513) au XVème siècle et au XVIème siècle Flavril. L’appellation actuelle date du XVIème siècle. Mais en fait, c’est par décret du ministre de l’intérieur du 10 mai 1962, paru au journal officiel du 15 mai, devenu effectif dès le 16 mai, que l’appellation « Le Favril » est stabilisée officiellement, sur demande du conseil municipal, selon une procédure nécessitant une demande initiale de la commune et un avis du conseil général. Par ce même décret, d’autres communes du Nord, comme Saint-Amand qui devient Saint-Amand-les-Eaux ou Beauvois qui devient Beauvois-en-Cambrésis, changent de dénomination, généralement par souci de les différencier d’homonymes en France.

L’étymologie Favril indique sans aucun doute un lieu dédié à la fabrerie (vieux français), autrement dit une forge, un atelier, une fabrique, ou « fabrica » en latin. Cette évolution orthographique est à mettre en parallèle avec le patronyme « fèvre » (forgeron), qui a donné selon différentes formes les noms « Lefèvre », « Lefebvre »… La présence de la force hydraulique de la Riviérette et de carrières anciennement exploitées contenant du minerai de fer (dolomie ferrique) sur le territoire de la commune peuvent expliquer cette appellation qui devait la distinguer et la particulariser parmi toutes les paroisses voisines.

Deux autres communes du même nom existent en France, dans les départements de l’Eure et de l’Eure-et-Loir.

 

Voies de circulation :

Route de Landrecies : actuelle D 964, venant de Landrecies jusqu’au cœur du village, avant de devenir la route de Prisches.

D’abord chemin de Landrecies à Favril en 1803, puis chemin de Landrecies en 1831, avec lieu-dit « Bout d’en Haut » dès l’entrée actuelle de la commune, près de l’endroit où un moulin à vent est également figuré, cette voie devient la route départementale n° 32 de Landrecies à Anor en 1932 (chemin de grande communication).

Rue des Tamis : nom inchangé depuis 1803 (« rue du Tamis »). Ce nom inattendu pourrait être à mettre en lien avec la présence sur sa droite d’un secteur dénommé « la Briqueterie », joignant la rue Grenotte, où existait une fabrique de briques, aujourd’hui disparue. Ces tamis pouvaient aussi bien désigner les grilles utilisées pour séchage, après démoulage, avant cuisson des briques, que de cribles pour épurer l’argile employée.

Rue Notre-Dame : nom inchangé depuis 1803. Cette rue doit son nom à la chapelle ND de Miséricorde, déjà figurée sur la carte de Cassini, qui existait depuis 1705, à l’emplacement du calvaire couvert actuel, de taille assez imposante, ceinturé d’une belle grille de fer forgé possédant de ce fait une niche abritant une vierge sur son fronton. Au sol, derrière le calvaire, se trouve une dalle en pierre portant cette inscription : «chapelle de Nostre Dame de Miséricorde et de Sainte Reine Meurant pasteur 1705 » qui témoigne de ce fait.

Route d’Ors : attestée depuis 1803 comme rue du Sambreton, encore en 1932 sous statut de chemin vicinal n° 2, le cadastre de 1831 le nomme aussi rue du Petit Debout (secteur de la commune se situant à l’extrémité de la commune, en limite de Landrecies, d’où son nom pour désigner le bout, l’extrémité), par opposition au Grand Debout, en limite de la commune vers Prisches, sur la route de Prisches actuelle. Ce chemin se poursuit sur le territoire de la commune de Landrecies sous le nom de chemin de Raze, pour mener au Sambreton. Ce même nom, très curieux de Raze, serait à mettre en relation avec une branche collatérale des seigneurs d’Avesnes issue de Wédric le Barbu, liée au personnage de Rasse de Montigny.

Chemin de la Cauchiette : constituant le prolongement de la rue Notre-Dame dont il porte également le nom en 1803 ; dès 1831, ce chemin devient la rue à Cossiaux, toujours attestée en 1932. Ce nom pourrait venir soit du patronyme d’un riverain de ce nom, soit pourquoi pas en rapport avec le « cossiau », infusion justement faite à partir de cossettes (cauchiettes ?) séchées que sont les racines de chicorée, d’où les noms successifs. Une fabrication locale de cossettes, même artisanale, y existait-elle ? Ou un établissement de vente, type estaminet ?

Ruelle du Bon Dieu de Giblot : autre voie de circulation vers le hameau de la « Rue du Bois », avec passage à gué de la Riviérette, bien avant qu’un pont ne permette de franchir la rivière à pied sec par la rue du Bois. Ce sentier bucolique tire son nom de la chapelle du Bon Dieu de Giblot, datée de 1697, qui se trouve en haut du chemin, à l’intersection avec la rue d’Ors (voir l’article consacré dans un numéro précédent). Il était connu sous le nom de rue du Dieu de Gibloux en 1803. Cassini figure la chapelle sous le vocable « le Dieu de Genblou ».

Rue du Bois (RD 316): « chemin du bois » en 1803, la dénomination actuelle est inchangée depuis 1831. Le nom est logiquement lié à la présence du Bois du Toillon à son extrémité, en direction de Catillon, lequel est représenté et déjà nommé ainsi sur la « carte de Cassini », et figuré plus grand qu’il ne l’est actuellement puisqu’il couvre l’actuelle commune, récente (1878), de La Groise, qui sera démembrée de Catillon justement.

Toillon est un patronyme originaire de Franche-Comté, représentant un diminutif de toillier (nom de métier) qui désigne une petite toile, et par extension un tisserand.

A noter l’existence en 1831 d’une Rue du Puits, portion de la rue du Bois depuis la Riviérette remontant face à l’actuelle place de la mairie, jusqu’au puits figuré sur le cadastre, aujourd’hui comblé et enfoui sous la voirie, d’où son nom.

A l’autre extrémité, dès la sortie du Bois du Toillon, le nom était rue de Catillon en 1831.

Chemin de la Cure : dénomination assez récente (postérieure à 1932) sous l’intitulé « chemin rural, dit Chasse de la Cure » car auparavant, à peine figuré sur les cadastres. Le terme de « chasse » désigne d’ailleurs un chemin rural sur ou par lequel on menait paître du bétail (bovins, porcins, ovins…), en le chassant devant soi. Il conduit à la ferme de Bel Œil, non mentionnée sur le cadastre de 1831, dont le nom désigne probablement un emplacement de choix, avec beau panorama champêtre.

Le nom du chemin, quant à lui, pourrait venir du fait qu’il conduisait aux biens fonciers affectés à la cure (charge du curé), c’est-à-dire, à assurer la subsistance quotidienne du curé desservant la paroisse, voire au presbytère lui-même, mais cela paraît improbable au regard de l’éloignement d’avec l’église. Le nom de « chasse » évoqué ci-avant pourrait davantage conforter l’idée que ce secteur encore constitué de prés aujourd’hui, était affecté aux besoins du curé, que celui-ci louait en pâturages.

Ce secteur serait l’emplacement d’une première fondation des Templiers sur une surface de 2,4 hectares (leur présence est encore attestée au Favril avec les 2 censes dites « du Temple d’En Haut » et « du Temple d’En Bas » existantes encore aujourd’hui), avec petite chapelle, par le seigneur Jacques d’Avesnes.

Ruelle Manchette : dénomination assez récente de ce chemin rural (1932), car auparavant il était à peine figuré sur les cadastres. Liée à un nom ou surnom donné à un des riverains ?

Ce chemin menait jusque la « Fontaine des pauvres », à la Cadesse.

Chemin Ste-Catherine : ce chemin de traverse figuré dès 1803, n’est nommé que dès 1932 sous son nom actuel. Il n’existe donc pas d’explication précise à cette dénomination hormis le fait qu’il menait aux « prés Ste-Catherine ». Une chapelle dédiée à St-Catherine aurait pu exister à son extrémité, au raccordement avec la route d’Errouard.

Il existait bien un oratoire en pierre bleue de 1775 à l’entrée de ce chemin, aujourd’hui replacé en plein cœur du village (1990), mais il est dédié à Ste-Saturnine. C’était aussi le lieu-dit « le Carcan » où étaient exposés à l’humiliation populaire les coupables de délits mineurs, condamnés à être attachés publiquement dans un collier métallique.

Chemin des Quarante : dénomination assez récente (postérieure à 1932) car dénomination attestée depuis 1803 de ruelle ou rue Finette (surnom d’une riveraine ?), aboutissant en limite communale au lieu-dit « Le Hameau ».

Une dénomination ainsi chiffrée peut être liée à une surface agricole ou à un nombre d’habitants desservis par cette voie, selon toute vraisemblance. De par son éloignement et isolement, ce lieu aurait-il une signification en lien avec une mise en quarantaine lors d’épidémies ? Ou pour des malades incurables tant redoutés dans les temps anciens ?

Route d’Errouard (RD 116) : route partant de La Groise vers Prisches en longeant le Bois du Toillon et passant par « Errouard ».

Dénommé d’abord « chemin de Catillon à Prisches » en 1803, puis « chemin de La Groise à Priches (sic) » en 1831 (avec les censes du Temple d’En Bas et Madame représentées), il devint « chemin d’intérêt communal n° 116, dit Route de La Groise à Prisches » en 1932.

La carte de Cassini figure en fait, en 1758, un bâtiment qui pourrait être un manoir ou une ferme fortifiée sous la mention « Heroir » dans ce secteur, ce qui donnera Errouard ou Eruart selon les sources ; de même que les « Censes du Temple », jumelles apparemment, mais aussi « Madame » et « Gigaux » (nom actuel de la cense Trigaux à la Cambotte vraisemblablement ? Ou emplacement de l’actuelle Villa Fernande ?).

Chemin de la Cambotte : viendrait de cambot, sorte de crosse utilisée pour choler, liée au jeu populaire et festif du temps du carnaval qui s’apparenterait de loin au golf ou au hockey. Dénomination assez récente (postérieure à 1932) car ce chemin s’appelait « chemin du trottoir » dès 1831. En 1932, il constitue le « chemin vicinal ordinaire n° 7 (et même précisément 7 bis), dit du Trottoir », qui en fait englobe aussi le chemin de la Goëlle (sauf une courte portion) et la rue de la Sablière. Ce nom de « Trottoir », pour un chemin rural étroit, évidemment non aménagé, ne trouve pas d’explication, si ce n’est que depuis la Cambotte, jusqu’à la Sablière, il marque tout du long la limite communale avec la commune de Prisches : la réponse serait-elle à chercher de ce côté puisque chaque commune est « propriétaire de son trottoir » ? Ou plus simplement car le trot d’un cheval attelé y était possible ?

La carte de Cassini figure toutefois déjà une ferme (fortifiée ?) de ce nom en 1758, située sur le territoire de la commune de Fesmy-le-Sart (02) qui a finalement donné son nom au chemin actuel.

Route de Prisches : aujourd’hui RD 964, venant du centre du village, se dirigeant vers le village de ce nom, après avoir porté le nom de route de Landrecies jusqu’au centre-bourg. D’abord dénommée rue de Priches (sic), portant le nom de rue du « Grand Debout » dans sa partie comprise entre la rue de Briques et le Waterlin en 1831, elle s’appelait route départementale n° 32 de Landrecies à Anor en 1932, mais aussi « Le grand chemin » sous l’Ancien régime.

Rue Grenotte : Dénomination actuelle attestée dès 1803, qui est à la fois un patronyme et un toponyme, très peu répandu, originaire de l’Est plutôt. Cela désigne un diminutif de grain, sous-entendu de peau, pouvant désigner un bouton, une verrue… Une autre version signifierait un chemin grouillant, remuant ! Ce chemin menant aux Hayettes (petite haie ou bosquet, à vocation défensive parfois) ; un ancien sentier menait ensuite vers Maroilles, débouchant près du lieu-dit l’Alouette (chemin de la Bouflette). A proximité, en 1831, est identifié le secteur dit « La Briqueterie » repartant vers la rue des Tamis.

Rue à Cochons : figurée sans dénomination en 1803, elle devint la « rue aux Cochons » en 1831, poursuivie par la « ruelle du Camp Fortier » en franchissant la Riviérette. Un gué figurait encore sur le cadastre en 1932, tandis qu’un  pont existe aujourd’hui, desservant l’un des 2 moulins à eau subsistant dans la commune.

Comme l’hypothèse avancée pour le chemin de la Cure, l’intitulé laisse ici présumer qu’il désignait un chemin par lequel étaient emmenés à pâturer les cochons… à moins qu’il ne faille voir aussi une raillerie à l’égard de riverains particulièrement peu avenants ou à la réputation fâcheuse !

Rue de Brique : « Chemin de Maroilles » en 1803, portant son nom actuel en 1831 à son entrée, mais devenant « chemin du Campe » pour mener jusqu’à la limite communale en direction de Maroilles, en passant au « Chêne » (aujourd’hui disparu) et à la « Croix Haineau ». Ce dernier nom peut signifier qu’à ce carrefour était traditionnellement implantée une croix, ce qui n’est pas rare aux carrefours ; la preuve en est que le « Gros chêne » supporta longtemps une chapelle suspendue, toujours existante actuellement.

Appelé aussi « Chemin vicinal ordinaire n° 4 dit de la rue de Brique » en 1932. Ce nom peut venir, comme cela s’est fait en certains endroits, qu’il ait été revêtu de briques plutôt que d’être empierré.

Rue du Camp de Bousies : rue Collereau (ou Cottereau ?) en 1803, devenue ruelle Colinbron en 1831, le cadastre de 1932 distingue les 2 branches après la fourche : « chemin rural du champ de Bousies » et « chemin rural dit ruelle Colinbron », lequel rejoignait la rue à Cochons. Ce dernier nom de Colinbron pourrait dériver de St-Colomban, en lien avec une implantation d’un prieuré très ancien dédié à St-Gall, en un lieu-dit Gerroy, quelque part du côté du « Carillonnage » (d’où l’appellation existante encore aujourd’hui) à la Goëlle ? À moins que ce ne soit vers Errouard ? Les différentes appellations témoignent peut-être aussi d’un changement d’exploitants successifs des parcelles desservies, ayant donné leur patronyme à ces chemins au fil du temps, comme cela est assez fréquent sur des voies d’exploitation.

Une explication de Bousies serait peut-être aussi à chercher dans le terme déformé de « bousillés », en référence à un champ de bataille et de blessés…

Rue du Waterlin : nom inchangé depuis 1803, ce chemin pentu tire son nom du ruisseau qui le longe depuis les hauteurs de la vallée en traversant les prés. Le nom même du ruisseau est issu du terme « water », qui en flamand et en anglais signifie « eau ». Quant au suffixe « lin », viendrait-il du fait qu’on pratiqua un temps le rouissage du lin dans ses eaux limpides et vives ?

Rue du Moulin : dénomination attestée dès 1803, seulement pour la partie se poursuivant à partir du Moulin des Tricoteries vers les prés, puisque la portion venant de la route de Prisches n’est pas dénommée, puis rejoint la partie suivante après cheminement à gué (?) sur une bonne longueur du cours de la Riviérette. En 1831, la partie dénommée précédemment appelée « rue du Moulin » devient le « Ravin des Soldats », qualifié encore ainsi en 1932 sous statut de chemin particulier. La présence d’un bois à l’extrémité de ce chemin serait-elle en lien avec l’évocation de soldats dans ce secteur ? Serait-ce en lien avec des épisodes des campagnes de Louis XIV ou napoléoniennes ou encore lors des occupations étrangères qui les ont suivies dans nos contrées, après les premières débâcles impériales ?

Rue de la Sablière : sans dénomination en 1803, appelée chemin du Trottoir dès 1831, puis « chemin vicinal ordinaire n° 7 dit du Trottoir » en 1932, qui en fait englobait aussi le chemin de la Goëlle et de la Cambotte (voir ce nom pour les explications possibles). Cette appellation tire son nom de ce que dans le secteur, au lieu-dit « Barbaran » (patronyme d’origine basque ou espagnole, « barbero », signifiant barbier), a été exploitée une carrière de sable et de pierre ferrugineuse, déjà dans des temps très anciens, peut-être par un individu de ce patronyme ?

Chemin de la Goëlle : en 1803, appelé « chemin du Trottoir » (voir Cambotte). La dénomination est apparue en 1831, du moins pour l’entrée du chemin en venant d’Errouard jusque la Riviérette, en référence à ce secteur dénommé « la Gowelle ». Ce terme, fréquent en France, sous différentes orthographes (Gohelle, Goële…) vient du bas-latin gauharia, taillis, et désignait à l'origine une région couverte de taillis, ce qui était le cas de Le Favril aux temps anciens. Dès le franchissement du « Pont du Leu » sur la Riviérette, le chemin devient la « rue

du Leu » jusqu’à son débouché au « Grand Debout » ! Le loup ayant déjà disparu de longue date à cette époque, est-ce en référence à un riverain particulièrement peu avenant que cette appellation est due ? Quoi qu’il en soit, en 1932, l’ensemble de cette voie est dénommé le « chemin vicinal ordinaire n° 8, dit du Leu », et inversement « chemin de la Goëlle » pour le petit tronçon situé entre le Pont du Leu et la route de Prisches : en un siècle, les appellations se sont inversées !

Chemin de la Boufflette : en 1803, « vieux chemin de Landrecies à Avesnes », puis « chemin des Vallées » à partir du lieu-dit l’Alouette, la carte de Cassini en 1758 identifiait et figurait déjà 2 censes à cet endroit : la Boufflette (petite houppe) et l’Alouette. En 1831, il devient « chemin de Landrecies aux Fayts » jusqu’à la « Haute borne » (un des points hauts de la commune) où figure également une ferme de ce nom et un moulin à vent, pour devenir « chemin de Lagache » (actuel « chemin vert » partiellement refermé). Enfin, en 1932, il est dénommé « chemin vicinal ordinaire n° 10 de Landrecies aux Fayts », puis « chemin vert », puis « de l’Agache » (ce dernier terme désigne la pie agache, si fréquente dans nos contrées), repris en fait par la commune de Prisches.

A noter que le mot Alouette, d’origine celtique, pourrait désigner ici des terres sablonneuses (cf. expression « terre à alouettes »).

Hydrographie :

Riviérette : cours d’eau principal de la commune, le long duquel le village s’étend de part et d’autre des deux flancs de la vallée, prenant sa source dans l’Aisne à Fontenelle et se jetant dans la Sambre canalisée à Landrecies après 18,8 km de course, son nom est un simple diminutif. Non nommée dans le cadastre de 1803, la carte de Cassini ne la nomme pas davantage pour la bonne raison qu’il donne, par erreur, son nom au ruisseau du Grand Toillon ! En 1831, l’erreur est réparée. D’autres documents anciens l’ont également mentionnée sous le nom de Sambrette.

Ruisseau de la Boufflette : prenant sa source du côté de la « Petite Vaqueresse », au sud du chemin de la Boufflette, il se dirige vers Landrecies, au Préseau.

Ruisseau de la Fontaine : prenant sa source du côté de la « Cadesse », à la « Fontaine à Brunin » (encore dite « Fontaine des pauvres »), il descend en oblique vers l’aval de la rue du Bois qu’il longe ensuite avant de se jeter dans la Riviérette au niveau du pont qui l’enjambe. Autrement appelé « Ruisseau du grand ru ».

Ruisseau de la Grande Fontaine : prenant sa source du côté de la Goëlle, il traverse la rue du Bois pour longer le Bois du Toillon, au sud du chemin des Quarante, et se jeter dans la Riviérette, derrière le Sambreton, à Landrecies. Autrement appelé « Ruisseau de l’Agneau ».

Ruisseau du Grand Toillon : prenant sa source à Prisches, du côté du château d’eau, longeant au sud la route d’Errouard et passant derrière les censes Madame et du Temple d’En Bas, il poursuit sa course à La Groise avant de se jeter dans la Sambre à Catillon.

Ruisseau d’Errouard : prenant sa source entre la Villa Fernande (au nord) et la Cense du Temple d’En Haut (au sud), il rejoint le ruisseau du Grand Toillon avant la traversée de la route Landrecies/La Groise. Autrement appelé « Ruisseau du Mourdreux » (= revanchard).

Ruisseau de l’Autreppe : prenant sa source à Prisches, du côté de La Comté, il passe au nord de la ferme de la Cambotte. Il sert alors de frontière administrative avec la commune limitrophe de Fesmy-le-Sart, où il se jette dans la Sambre, après passage derrière le carrefour du Chapeau Rouge et constitue donc le petit point de contact de notre intercommunalité avec l’Aisne et la Picardie. Autrement appelé « Ruisseau de France » car il a constitué également, historiquement, une frontière naturelle avec la France, avant que le village ne lui soit rattaché !

Ruisseau du Waterlin : prenant sa source du côté de la « Croix Hainaut », il longe le chemin du même nom pour se jeter dans la Riviérette, face au moulin des Tricoteries.

Frédéric Damien