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BOUSIES

 

LES RELATIONS EGLISE-MAIRIE-ECOLE

Au début du 20 siècle

 

 

Début 1907, le conseil municipal délibère sur un surprenant ordre du jour. En effet, il s’agit de suivre ou non la pétition pour la réintégration du curé dans le presbytère.

Découvrons cette affaire : sur une population de 3000 habitants (au début du dernier siècle, Bousies comptait 1300 administrés de plus qu’à ce jour ; il faut se situer à l’époque des grandes familles avec beaucoup plus que 2,1 enfants par femme (chiffre INSEE 2010) et la famille élargie (grand parents, parents, enfants vivant sous le même toit). 478 personnes demandent la réintégration du curé dans le presbytère. Il est cependant démontré que ces signatures, en majeure partie de femmes et d’enfants, ont parfois été obtenues par surprise.

Les raisons invoquées sont au nombre de trois :

  1. Le curé rend service autant que les instituteurs. Ce sont les instituteurs qui se sont installés dans ce bâtiment.
  2. Il paie des contributions contrairement aux instituteurs.
  3. Le nouvel habitat du curé est trop retiré du centre du village, ce qui rend l’accès difficile.

 20 février 1907.

Considérant que cette pétition est loin de répondre au désir de la majorité des habitants et que les instituteurs manquent de logement, qu’ils rendent tous les jours des services à toute la population et que, contrairement à l’opinion émise par un ancien secrétaire de mairie auteur de la pétition, les instituteurs paient des contributions, le conseil municipal maintient sa position.

Il est rappelé également dans cette délibération que le curé qui jouit gratuitement du presbytère a refusé à la commune la reprise du bosquet annexé à son jardin (terrain non prévu dans la convention passée entre lui et la commune). Cette parcelle de terrain est utile dans le projet d’agrandissement de la place, ainsi le mur de clôture n’a pu être achevé. La commune estime que le curé est admirablement logé dans le château hérité par M. l’abbé Glorieux.

Dans la même séance, M. le maire donne connaissance au conseil de la demande faite par le curé afin d’obtenir la jouissance gratuite de l’église. Le conseil municipal décide l’ajournement de ce projet. Il est voté un crédit supplémentaire de 227.26 francs pour les fournitures scolaires.

Les relations sont tendues et cela va continuer…

16 avril 1907.

Deux mois plus tard, le maire met à l’ordre du jour l’affaire Glorieux. L’abbé revendique la propriété du mur du cimetière depuis trois ans. Il met la commune en demeure d’enlever la touraille et de lui payer 500 francs de dommages et intérêts.

Le conseil, vent debout, décide de continuer à défendre les intérêts de la commune. Il est porté à la connaissance de l’assemblée du refus de l’abbé de payer à la commune la redevance qui lui est due pour l’inhumation provisoire du corps d’une défunte. Là encore, le conseil municipal autorise M. le maire à consulter un avocat.

8 novembre 1907.

Les écoles obtiennent à nouveau une contribution financière de la commune. Une délibération autorise le maire à verser une somme de 210 francs à l’école des garçons, 190 francs à l’école des filles et 60 francs à l’école maternelle. Elles serviront à payer les fournitures de charbon, de bois et de pétrole pour le chauffage et l’éclairage des classes. Auparavant, cette charge était supportée par les directeurs et directrices d’école.   

23 février 1908.

Nouvelle séance du conseil : la caserne de gendarmerie est à l’ordre du jour. Quel rapport avec notre sujet ? Le presbytère réapparait…

Le bail passé par le département du nord avec M. Pruvot pour la location d’un immeuble à usage de caserne de gendarmerie expire le 1er août 1909. Il fait ressortir l’intérêt qu’il y aurait pour la commune à profiter de cette circonstance pour le presbytère (nous y voilà), l’agrandir, l’aménager et le transformer en caserne de gendarmerie qui serait louée au département pour un bail de vingt-cinq années, renouvelable, moyennant de bonnes conditions. Le budget est de 29775 francs, il conviendra d’avoir recours à l’emprunt. Face à cette dépense, il sera proposé au département un loyer de 3000 francs par an sur 25 ans. M. le maire annonce que rien ne sera lancé avant d’obtenir la promesse de bail signée.

Mai 1908.

Les élections municipales confirment M. Camille Bourdon au poste de maire (maire de 1900 à 1940) avec 20 voix sur 21 (la 21e étant nulle : non lisible).

5 juin 1908.

Le sous-préfet déclare que le projet de construction de la caserne de gendarmerie présenté par Bousies est très suffisant, mais estime le loyer trop élevé. Un deuxième projet est alors présenté ; il n’offrira cependant pas le confort nécessaire. C’est alors que, considérant qu’il y a lieu de donner satisfaction à l’administration tout en défendant les intérêts financiers de la commune, un troisième projet est lancé.

Il donne satisfaction pour un loyer de 2200 francs par an.

1er septembre 1908.

L’affaire Glorieux ressurgit. Après avoir consulté un avocat, le conseil municipal autorise le maire à poursuivre l’abbé Glorieux pour le paiement de la redevance qui est due à la commune au sujet de l’inhumation provisoire du corps de la défunte d’avril 1907.

17 septembre 1908.

M. le maire est autorisé à présenter le projet de la caserne au conseil général. Toutefois, il aura la faculté de ramener le prix à 2000 francs s’il le juge nécessaire et d’y adjoindre un terrain de dix ares.

Le climat entre l’église et la municipalité n’est toujours pas tempéré.

27 octobre 1908.

Le conseil paroissial demande la réparation de la toiture de l’église. Après en avoir référé à M. le sous-préfet qui a interrogé préfet du Nord. Ce dernier, après avoir consulté le ministre des cultes, donne aux conseils municipaux des instructions générales. Considérant que, s’il est incontestable que la toiture du clocher n’a pas été réparée depuis de nombreuses années et se trouve en mauvais état, les réparations des églises incombent en principe à la collectivité des fidèles et des ministres du culte. Fort de ces dires, le conseil municipal engage les membres du conseil paroissial à ouvrir une souscription en vue de réparer la toiture de l’église. Il est assuré que s’ils font appel à la générosité des fidèles, ceux-ci se feront un devoir de contribuer. 

29 janvier 1909.

Constatant que la commune n’a pas la trésorerie nécessaire pour financer la construction de la caserne, il est décidé de recourir à l’emprunt en totalité pour ce projet. Il sera de 21994 francs remboursable sur 30 annuités. Afin de faire face à cette nouvelle charge, une imposition extraordinaire de 6.07 centimes additionnels au principal des quatre contributions directes pendant trente ans est votée.

6 mai 1909.

Le conseil municipal examine à la loupe les demandes des instituteurs. En effet, M. Wignolle, instituteur, demande de lui maintenir au budget de 1910, la subvention annuelle de 100 francs qui lui est accordée pour la délivrance des fournitures classiques ; le vote d’un crédit pour achat d’ouvrages destinés à la bibliothèque scolaire et la construction d’un préau couvert. De plus, M. Foisse, instituteur adjoint, sollicite une indemnité de logement, d’après les termes de loi et une indemnité facultative pour couvrir les dépenses occasionnées par son déménagement. Après discussion, ces demandes sont renvoyées aux commissions scolaires et des finances.

Et par suite des fréquents changements effectués par les instituteurs et instituteurs adjoints, le conseil décide de leur allouer une indemnité facultative seulement après un an de résidence.

20 mai 1909.

Le tribunal civil d’Avesnes condamne la commune à enlever, dans un délai de 15 jours, la touraille adossée sur le mur séparant le terrain de l’abbé Glorieux et celui de l’ancien cimetière. Le conseil municipal accepte la proposition du maire d’interjeter appel du jugement rendu. En effet, il considère être propriétaire du mur en litige. Ce dernier ayant été, jadis, réparé à différentes reprises par la municipalité sans jamais que quiconque en revendique la propriété.

Juin 1910.

Le conseil municipal prend soin de son clocher. Face à la crainte d’accidents par suite de chutes d’ardoises, il sera réparé. Est-ce que cela apaisera les tensions entre l’abbé et la commune ?

En 1912, le secrétaire de mairie change, M. Bourdon est à nouveau réélu maire, mais la trace de cet épisode, digne de l’écrivain Giovannini Guareschi (père de Don Camillo et Peppone) est perdue...

 

Thierry Jacquinet