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Oratoires de pierre bleue et petites chapelles

 

Depuis les origines de l’homme, ses croyances religieuses s’expriment à travers des « pierres levées », les mégalithes, balisant son aire de vie, sacralisant son espace. Ces croyances et ces expressions sont-elles la source de nos oratoires en pierre bleue ? Un détour par les coutumes des peuples gallo-romains élevant des autels votifs dans leurs « villae », les laraires, aussi au carrefour des routes et au long des chemins, créent de fait un lien à la fois historique et temporel avec la préhistoire, et permettent d’en défendre le concept. N’existent-ils que sur les territoires de la Thiérache ? Qui les a construits et à quelle époque ? Chaque commune a-t elle les siens ?

 

Les oratoires se dressent un peu partout en France, en Europe de l’est et du sud. Chaque région adopte les formes traditionnelles de sa province ainsi que les matériaux naturels de son sous-sol pour les construire, chaque région a le savoir-faire de ses tailleurs de pierre et de ses maçons.

Oratoires disons-nous ? En réalité ces « petites chapelles » n’ont pas de noms précis pour les désigner. Alors pourquoi ne pas employer un terme provençal pour les nommer, puisqu’ils s’élèvent nombreux dans les ciels de Savoie et de Provence, colonisant aussi celui du Piémont italien. Mariettes en Perche, Bildstocks en Alsace, Arceaux en Vendée, Oradours en Limousin, Chapelounes en Auvergne, la mode de ces « petites chapelles » remonte aux temps de la Contre-réforme, au XVIe siècle, période de réaction catholique face à la montée du protestantisme.

Les « Chroniques de Saint Denis » évoquent leur présence dès 1270 et en 1415, « les très riches heures du duc de Berry » en montrent quelques-unes. Elles remplacent les Monts-joie plus antiques. L’oratoire le plus ancien de l’Avesnois, à Cousolre, date de 1550, temps de religiosité ostentatoire. Sentinelle guidant le voyageur lorsque la brume s’accroche à la chaussée, il lui permet de recommander son âme à Dieu si une rencontre avec un brigand le met en danger de mort. Dans son ordonnance de 1669, le roi Louis XIV exige des officiers de maîtrise de ses forêts « dans les angles, au coin des places, croisées, trivières et bivaires, qui se rencontrent ès grandes routes et chemins royaux… placer des croix, poteaux et pyramides… ».

En wallon, on emploie le terme de « potale » pour les nommer, un poteau indicateur en quelque sorte ! Il existe près de 800 oratoires en Avesnois. Temps fort des constructions : une large 1ère moitié du XIXe siècle, pour décroître ensuite au rythme de la déchristianisation.

Leurs formes varient : pilier de pierre de taille, ils sont de section carrée ou cylindrique. Percés d’une niche cintrée à mi-hauteur, ils sont surmontés souvent d’un toit arrondi avec globe et croix. Les niches sont fermées d’une grille en fer plat, creusées au-dessus d’un bénitier en saillie. Avec la révolution des moyens de communication au XIXe siècle et l’accès aux grands pèlerinages nationaux, les dédicaces des oratoires ont évolué. Les saints protecteurs locaux ont cédé la place à la Vierge dont les pouvoirs divins fondent un espoir plus sûr. Elles évoquent aussi la mémoire d’un disparu, un pèlerinage, une date importante ou encore un événement.

Sorte d’élégance entre sa Trinité d’arbres, au bord d’une source ou dans le prolongement d’une haie bocagère, l’oratoire enlacé à notre paysage depuis des siècles, raconte l’art dans sa ferveur religieuse, le merveilleux divin depuis le Moyen-âge. Devenus atout touristique, ils offrent un circuit de découverte à travers notre campagne. Le canton de Landrecies compte 57 oratoires.

Sources : oratoires.com ; Les oratoires de France depuis les origines de Pierre Irigoin ; Oratoires et niches de pierre bleue de René Guirlinger et Jean-Noël Marissal.

 

Hervé Gournay

Landrecies : 8 oratoires

Notre-Dame de Libercourt (1721). Celle-ci n’est évoquée dans notre région qu’à deux endroits : Landrecies et Sémeries. Situé au hameau de Happegarbes, le long de la route du Pommereuil, l’oratoire de forme cylindrique porte la dédicace : "N.tre Dame de Libercour priez pour nou chapelle érigée par RP MP 1721".

Bousies : 4 oratoires

Situé sur la route qui relie Bousies à Croix-Caluyau, cet oratoire de 1737 porte la dédicace : "O vous tous qui passez par icy considérez attentivement et voyez s’il y a douleur qui puisse etre comparée à celle que je ressens Jerem Proph - Filles de Jerusalem ne pleurez pas sur moy mais pleurez sur vous-mêmes St Luc Chap 22 1737"

Croix-Caluyau : aucun oratoire

Cette chapelle ancienne se situe sur la Chaussée Brunehaut en direction de Bavay.

Le Favril : 11 oratoires

Notre-Dame de Grâce (1748). L’oratoire se situe rue du Bois, entretenu par Monsieur Viatour. Son couronnement est octogonal et le fût cylindrique. La grille de la niche est de belle facture. Dédicace : "N D de Grace priez pour nous et pour Martin Baptiste Demoulin et pour Marie Anne Droncart sa femme en l’an 1748".

Fontaine-au-Bois : 3 oratoires

Notre-Dame de Bon Secours (1749). L’oratoire se situe rue du Pont. Il est de forme hexagonale. Dédicace : "Notre Dame de Bon Secours prie pour nous cette chapelle a été posée par Michel Dahy et Marguerite Dutrieux son épouse le 8 septembre 1749".

Forest-en-Cambrésis : 2 oratoires

1. St Roch - Réédifié en 1926 : Celui-ci se trouve au bord de la Chaussée Brunehaut, à la sortie vers Le Cateau. On ne connaît, en fait, rien du monument d'origine. Il a vraisemblement été détruit lors des terribles évènements de la guerre. Une habitante de la commune l'a rétabli en mémoire de soldats morts au combat.
Aujourd'hui, on voit une construction classique, quant à la partie basse, sur laquelle est posée une simple niche ornée d'une croix de pierre, on peut lire : "St Roch priez pour nous. Cette chapelle a été réédifiée par Melle Flore Soufflet en 1926 à Forest par Bousies (Nord) à la mémoire de Léon et Pompée Soufflet morts pour la France."

2. Notre-Dame de Bon Secours. Edifice probablement du 18e siècle, l’oratoire est de forme cylindrique et vient d’être restauré par la commune et un particulier. Il est situé à la sortie de Forest-en-Cambrésis, sur la route du Pommereuil.

Maroilles : 7 oratoires

Notre Dame de Bon Rencontre (vers 1710). Situé à la sortie de Maroilles vers Landrecies sur la RD 959, la dédicace de cet oratoire évoque le pèlerinage à la chapelle N-D de Bon-Rencontre du Laus, près de Gap, fondée suite aux apparitions miraculeuses de la Vierge à la bergère Benoîte Rencurel (1647/1718). Le pèlerinage commence en 1666, l’oratoire maroillais date des années 1710, soit moins de 50 ans après.

Preux-au-Bois : aucun oratoire

Cette chapelle date de 1892 et se situe rue d’Hecq. C’est un bel exemple de chapelle avec rosace en briques.

Robersart : aucun oratoire

La chapelle en briques est dédiée à Notre-Dame de Bon Secours. Elle est située route de Bousies.

Locquignol :

Aucun oratoire de pierre bleue mais une jolie chapelle à la sortie de Locquignol vers Berlaimont. A l’intérieur, l’autel en bois peint porte une coquille de Saint Jacques, un bourdon et une épée, accessoires des pèlerins de Compostelle.