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DE L'ARBRE A L'ALLUMETTE

 

De tous temps, il a fallu conserver le feu produit surtout par les orages et bien plus tard, les ancêtres du briquet apparurent : le silex et le morceau de bois sec que l'on faisait tourner vite sur un autre morceau de bois sec. L'échauffement produit faisait rougir le bois sec et en soufflant dessus, on obtenait quelques minuscules braises ; braises que l'on recouvrait avec un peu d'herbe sèche.

Dans la Rome antique, les vestales, sous peine de mort, entretenaient en permanence le feu sacré. Elles payaient de leur vie l'extinction du feu ! Dans certaines régions du monde, les indigènes se battaient pour se voler le feu !

Dans les siècles passés, le briquet était le seul appareil permettant d'obtenir du feu à volonté.

Il était composé d'un morceau de pyrite ou d'une pièce d'acier qui venait frapper une pièce dure en produisant des étincelles suffisantes pour enflammer un morceau de chiffon ou d'amadou placé à proximité.

L'emploi du briquet étant malaisé, on conservait fréquemment des braises couvant dans l'âtre. Pour transporter ce feu d'un endroit à un autre, on utilisait de petites baguettes de bois préalablement trempées à leur extrémité dans du soufre fondu. Ces allumettes rudimentaires ne pouvaient être enflammées que par contact avec un corps en ignition.

L'allumette des temps modernes, dite allumette chimique, ne naquit qu'au XIXème siècle.

En 1805, le chimiste français Chancel imagina de garnir l'extrémité de ces allumettes soufrées d'une pâte à base de soufre et de chlorate de potasse ; ces allumettes, au contact d'un chiffon imbibé d'acide sulfurique, s'enflammaient mais non sans danger pour l'utilisateur.

En 1816, apparaissait la première allumette au phosphore imaginée par le Français Derosne.

En 1817, le pharmacien anglais, John Walker eut l'idée d'une allumette dont le bouton, composé notamment de soufre, de chlorate de potasse et de sulfure d'antimoine qui pouvait s'enflammer par frottement sur du papier de verre.

 La véritable allumette moderne fut inventée en 1831, indépendamment l'un de l'autre, par le Français Charles Sauria et par l'Autrichien Stephen Von Roemer. Le bouton de cette allumette était principalement composé de phosphore blanc et de chlorate de potasse. Les premières fabriques d'allumettes furent créées en Autriche à Vienne en 1833 mais l'emploi du phosphore blanc, très toxique, exposait les ouvriers à la nécrose phosphorée appelée « mal chimique ». De plus, les  produits présentaient une inflammabilité dangereuse.

A partir de cette date, divers perfectionnements furent apportés, mais les principes de base restaient les mêmes.

Principales modifications intervenues :

. En 1847, découverte et étude scientifique du phosphore rouge. Cette découverte devait supprimer les inconvénients d'une inflammabilité excessive et d'une manipulation très nocive. Mais la mise au point des compositions utilisées pour le bouton de l'allumette et du frottoir fut longue.

. Les premières allumettes de sûreté furent fabriquées à Jonkoping par Lundstrom et furent consacrées à l'Exposition Universelle de Paris en 1855.

. En 1870, après la poursuite des recherches, les allumettes sans phosphore qui ne peuvent s'enflammer que par frottement sur un frottoir comportant du phosphore rouge, sont considérées comme des allumettes de sûreté.

. Enfin, en 1897, utilisation par deux ingénieurs français Sévène et Cahen, du "sesquisulfure de phosphore" pour la fabrication des allumettes s'enflammant sur toute surface rugueuse.

Processus de fabrication :

Le bois utilisé en France pour la fabrication des tiges est exclusivement du peuplier.

Les grumes de peupliers sont tronçonnées et les billots ainsi obtenus sont écorcés puis déroulés en feuilles minces d'une épaisseur de 2 mm environ. Ces feuilles de déroulage sont entassées et passées sous un hachoir pour obtenir des tiges d'allumettes. L'avance de la charge est ainsi égale à celle de l'épaisseur de l'allumette.

Les tiges d'allumettes séchées sont reprises dans une machine dite à chimiquer où, implantées dans des plaquettes percées de trous, elles sont trempées d'abord dans de la paraffine puis dans un bain de pâte qui, en séchant, constitue le bouton ou la tête de l'allumette.

Les boîtes (coulisses et tiroirs) sont faites en carton et produites sur des machines à cadence rapide utilisant du carton en bobines.

Voilà, vite expliquée, la fabrication de l'allumette qui a donné en France, depuis 1952, l'occasion de planter du peuplier sur des sols ingrats et humides.

 

Marc Lavie