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FONTAINE-AU-BOIS

FONTAGNARDS, VOUS RECONNAISSEZ-VOUS ?

 Le registre historique paroissial de la commune, tenu depuis le 19ème siècle, nous a déjà fourni à plusieurs reprises de très intéressantes informations relatives au patrimoine local : les écoles, l’église, les monuments… Je l’ai une fois de plus feuilleté pour y dénicher de véritables  petites « pépites », ces révélations cachées, oubliées, méconnues, qu’il est utile d’exhumer et de mettre à la connaissance des Fontagnards d’aujourd’hui… et de demain.

A propos des Fontagnards, le registre nous en apprend « de belles » quant à leur caractère, à leurs mœurs et à leur vie sociale ! Lisez plutôt ce qu’on y trouve dans le courant du 19ème siècle, sous la plume de notre chroniqueur…

 

« Il est toujours délicat de caractériser une population et d’en faire un portrait conforme à la vérité. Nous allons donc donner nos appréciations personnelles, non sans quelques hésitations, sans doute parce qu’elles sont peu louangeuses. Notre longue cohabitation nous permet cependant de le faire et les faits ont souvent confirmé nos observations.

D’un point de vue des rapports sociaux, absence complète de charité, ignorance du don de soi, égoïsme… Jamais l’on n’entend un mot favorable à l’égard d’autrui. Discordes invétérées, haines au sein même des familles, rancunes perpétuelles… les gens de Fontaine sont par ailleurs hostiles aux étrangers venus s’établir dans la commune et qui ont réussi à faire fructifier les terres que l’incurie, l’inconduite et l’intempérance des « indigènes » avaient laissées dans un état lamentable. Peu de rapports avec les localités voisines, rancunes de clochers…

D’un point de vue religieux, absence presque complète de sens chrétien et de la foi catholique. La religion n’a guère de place dans la vie des gens de Fontaine. Indifférents à l’égard des dogmes, ils croient aux sortilèges, aux maléfices et à toutes les sottises de la superstition. Ils sont seulement empressés d’honorer les saints pour la préservation de leur bétail (Saint Laurent du Rosimbois, Saint Antoine du Bois L’Evêque).

Au point de vue des idées, c’est le « terre à terre » ; aucune élévation ni aspiration supérieure, absence d’idéal, âpreté au gain.

Au point de vue politique, en dehors d’une infime minorité, la masse est tout à la dévotion du pouvoir et de l’administration. Presque toute la population est pour la révolution. La politique a perdu un peuple qui était jadis pour l’ordre et la justice.

Au point de vue comportement, abord cauteleux, politesse calculée. Chez le peuple, c’est le fond qui manque le plus ; imprudent serait celui qui se fierait à lui (sic !).

Au point de vue moral, profanation systématique, entretenue, voulue, des devoirs et des obligations du mariage. Nombre calculé des enfants, d’où absence de joies sincères et tourments affreux provenant de l’unique héritier du nom et des vices… »

Diable ! Que voilà une peinture impitoyable de nos ancêtres, qu’il convient toutefois de tempérer à partir de deux critères.

Tout d’abord, rédigées par un tenant de l’église, ces appréciations ne brillent pas par leur objectivité, c’est le moins que l’on puisse dire, et elles ont un petit parfum de revanche…

Ensuite, dans cette France encore paysanne et pauvre, les habitants de notre territoire ne devaient pas être très différents de ceux des autres régions, la lecture d’autres ouvrages nous le confirme, qui font état des priorités de l’époque au jour le jour : se nourrir, se loger, se vêtir…

N’ayons donc pas trop de complexes et moins encore de honte à la lecture de ce témoignage d’époque sans concession, certes ; mais l’on peut se dire que, comme ailleurs, les progrès techniques tout autant que les progrès des idées ont permis aux Fontagnards, en deux siècles et malgré deux guerres, de sortir de l’obscurantisme et de la précarité.

Mais il n’est pas inutile de savoir d’où nous venons pour mieux apprécier où nous en sommes…Et félicitons-nous aussi de lire ci-après qu’il pouvait malgré tout y avoir à Fontaine du courage et du patriotisme, comme le registre paroissial le raconte…

 

Une magnifique restauration

Très dégradée par l’humidité, la toile monumentale ornant le chœur de l’église - une Descente de Croix, copie anonyme de l’œuvre de Rubens, datant des années 1612-1614 et exposée à la cathédrale d’Anvers - a fait l’objet d’une récente restauration. Le travail d’une peintre spécialisée de Valenciennes, Fanny Toulemonde, lui a rendu son éclat et sa précision, qu’un éclairage spécifique viendra prochainement renforcer. Un pupitre d’information sera également installé à l’entrée de l’église. Un bel exemple de préservation du patrimoine artistique de  notre territoire…

Un héros méconnu

« Lors du siège de Landrecies par les Autrichiens, un combat fut livré, le 12 septembre 1793, à l’entrée du village de Fontaine-au-Bois entre les armées française et autrichienne. Sept maisons furent incendiées. Un second engagement eut lieu le 29 mars 1794. Les troupes ennemies occupèrent le village pendant onze mois et s’y livrèrent à toutes sortes d’excès. A leur départ, elles eurent la cruauté d’emmener un enfant du village, Joseph Ladrière, âgé de 14 ans, fils de Georges, alors capitaine dans l’armée française.

Le commandant autrichien, retiré en Valachie, le prit à son service et le traita en esclave. A 18 ans, le captif parvint à s’échapper, s’enrôla dans l’armée autrichienne puis eut la hardiesse de rallier l’armée française au plus fort d’une bataille. Couvert de blessures et soigné il fit connaître sa nationalité et on le renvoya à Fontaine-au-Bois auprès de sa mère, devenue veuve.

A 20 ans, il intégra l’armée française et prit part aux campagnes de l’Empire. Fait prisonnier au Portugal, il fut emmené en captivité en Angleterre, où il endura toutes sortes de mauvais traitements. Il en revint en 1816 et fut décoré de la Légion d’Honneur.  

Jean-Marie Leblanc