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Petit patrimoine bâti ou éléments de patrimoine architectural de l'Avesnois à Le Favril

 Témoins du passé, de notre identité thiérachienne, et plus largement avesnoise, le petit patrimoine bâti ou les éléments de patrimoine architectural disséminés çà et là sur notre territoire nécessitent de s’y arrêter et d’y consacrer un intérêt appuyé afin de prendre conscience du besoin de leur préservation.

Souvent emprunts de spécificités et de particularismes locaux, ils sont également le reflet du savoir-faire de nos anciens, de leurs capacités d’adaptation, mais aussi de leurs croyances et usages populaires. Chapelles, oratoires, calvaires, lavoirs, abreuvoirs, fontaines, kiosques à musique ou à danser pour ces éléments à usage souvent public, mais aussi puits, portails ou autres éléments architecturaux de l’habitat privé ou de ses dépendances (corps de fermes, pigeonniers, granges…) sont autant de témoins tangibles de ce patrimoine essentiel qui forment notre quotidien et auquel nous ne prêtons pas toujours attention. La vocation herbagère de notre terroir est marquée notamment par la présence nombreuse de fermettes, dites élémentaires en L (avec grange sur le retour en équerre), où se retrouvent bon nombre de ces traces. L’habitat villageois ancien, plus largement, comporte également de nombreux détails architecturaux du même ordre.

Commençons par nous intéresser aux matériaux traditionnellement utilisés et présents dans le village :

-        la pierre du pays, calcaire carbonifère de couleur gris-bleu, souvent appelée « pierre bleue » de l’Avesnois, différente de celle de Tournai ou de Soignies en Belgique, assemblée soit en moellons grossiers, soit en pierres de taille, parfois layée et bouchardée, constituant à tout le moins les soubassements des constructions, mais également soulignant certains détails architecturaux tels que linteaux, encadrements des ouvertures, pierres de seuil, perrons, chaînages/bandeaux… ;

-        la brique aussi et surtout, rouge ou orangée selon l’argile utilisée et son mode de cuisson. Orangée, elle est cuite au feu de bois et est donc plus tendre ; rouge, voire noirâtre, elle est plus tardive car cuite au charbon mais est plus résistante. A noter également que plus elle est fine et allongée, plus elle est ancienne et de fabrication artisanale ;

-        l’ardoise, de teinte rosée (et non noire), souvent originaire de Fumay dans les Ardennes, mais assez onéreuse et souvent mise en œuvre par les plus aisés des habitants ;

-        la tuile, format dit « petit moule », ancêtre de la tuile mécanique, dérivée de la panne flamande ondulée que l’on a aplatie. Plus courante que l’ardoise plus chère, il n’en demeure pas moins que sa généralisation dans les constructions est intervenue assez tardivement et qu’originellement, les couvertures étaient essentiellement en chaume : certains détails en tête des murs des constructions les plus anciennes des XVIIème-XVIIIème siècles en attestent par le débord qu’ils préparaient pour asseoir la base de chaume bien en avant des murs afin de les protéger au mieux des intempéries ;

-        le métal que constitue le fer, forgé ou martelé, utilisé pour liaisonner et assurer le chaînage des maçonneries (fers d’ancrage essentiellement, agrafes), mais aussi pour les ferronneries diverses (balconnières, soupiraux, marquises, portails, grilles d’enclos sur murs-bahuts, puits, grilles d’oratoires, kiosques…).

Petit tour d’inventaire non exhaustif du village, illustrant le sujet :

* Oratoires : toujours en pierre bleue, à usage processionnel ou lors des rogations, mais aussi en remerciement pour des grâces et protections obtenues, ils marquent souvent le statut social de leur commanditaire. Le village en compte 11 sur son territoire, chacun avec leur style, leur histoire et leur dédicace. Citons probablement un des plus beaux, à la rue du Bois.

Rue du Bois, au n°14, chez Viatour, propriété privée (n°12 ?)

 

ND de Grâce

1748

Jésus

1749

ND de Grace priez pour nous et pour Martin Baptiste Demoulin et pour Marie Anne Droncart sa femme en l’an 1748

Deux particularités majeures :

- couronnement octogonal rare sur fût cylindrique ;

- très belle grille ouvragée en fer forgé avec volutes de métal remarquable.

Détail de la grille ouvragée

Sur la grille :

IHS

1749

MRA

Citons également le plus ancien, à la Goëlle.

La Goëlle, au n°68, à l’entrée du chemin en venant d’Erruart, propriété privée

(Brocheton)

ND de Liesse

1714

Nostre Dame de Liesse

Mere et consolatrix de véritable crestien priez pour nous érigée par Jean Prévost et Marie Manesse sa femme l’an 1714

Originellement érigé 200 mètres plus loin, à Prisches. Actuellement adossé à l’entrée de la cour de ferme, le couronnement hémisphérique est surmonté d’une belle croix ouvragée. L’inscription est gravée dans un blason.

C’est le plus ancien oratoire de la commune.

* Calvaire couvert : érigé en commémoration de la Passion du Christ à la croisée de 2 voies, route de Landrecies et chemin Notre-Dame.

Route de Landrecies,  à l’angle de la rue Notre Dame, propriété communale

 Détail de la dalle au dos

Non daté

Calvaire. Edifice couvert, de taille assez imposante, ceinturé d’une belle grille de fer forgé. Niche abritant une vierge sur son fronton. Bel autel en pierre bleue, finement ouvragé.

Au sol, derrière le calvaire, se trouve une dalle en pierre portant cette inscription : «chapelle de Nostre Dame de Miséricorde et de Sainte Reine Meurant pasteur 1705 » è mention probable d’une chapelle antérieure substituée par le calvaire actuel.

* Abreuvoir, route d’Ors, dans la cour de ferme : à usage de distribution d’eau du fait de l’usage de la traction hippomobile et pour l’abreuvement du bétail en général.

Rue d’Ors, au n°16, chez Jean-Marie Lefebvre

Privé

Abreuvoir en moellons maçonnés : unique exemplaire connu subsistant sur le territoire communal.

 * Modénatures diverses : agréments de façade, distinguant chaque construction de sa voisine et révélant aussi souvent le statut social du propriétaire, tels que fers d’ancrage ouvragés parfois en chronogrammes, bandeaux de pierre, linteaux ouvragés ou millésimés, niches, corniches denticulées (jeu de briques en débord et alternant biais, sur chant (boutisse) et sur lit (panneresse), créant ainsi une frise décorative)…

Rue d’Ors, au n°17, chez Eugène Gomet

Privé

Fermette élémentaire avec grange en retour (détachée du bâti de l’habitation).

Linteau au monogramme du Christ millésimé en façade: IHS N1772P.

Construction en briques et soubassements de pierres.

Route de Landrecies, au n°1, propriété privée (Presse)

Linteau millésimé 1789, avec inscription en latin (unique cas connu dans le village) qui reste à décrypter.

Route de Prisches, au n°34, chez Fontaine

Privé

Linteau au monogramme du Christ millésimé en façade: IHS 1789 MAC.

Construction en briques et pierres bleues, avec très belle frise denticulée sous toiture.

Route de Prisches, au n°27, chez Vendois

Privé

Fers d’ancrage, portant millésime 1838.

Linteau au monogramme du Christ millésimé en façade: IHS 1755

Consciente de l’intérêt qu’il y a à inciter les propriétaires à entretenir ce petit patrimoine bâti ou ces éléments remarquables du patrimoine architectural des constructions caractéristiques du style thiérachien, à le préserver, à le mettre en valeur, la municipalité l’a recensé dans le cadre du document d’urbanisme (PLU) en cours d’élaboration pour la commune afin d'interpeller tout un chacun, propriétaire public ou privé, à y veiller à l’avenir.

 Frédéric DAMIEN