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L’église de Le Favril : un patrimoine statuaire méconnu.

Dans le cadre de la restauration de grande envergure que l’église a subie en 2007 et qui suscite l’admiration et le respect de tous aujourd’hui, membres de la communauté paroissiale, mais aussi visiteurs de passage lors des différentes manifestations qui l’animent, une opération avait également porté sur la restauration de l’ensemble des statues qui l’ornent. Parmi elles, certaines sont même classées au titre d’objets mobiliers à l’inventaire des monuments historiques (MH). Il paraissait utile dans un but pédagogique de faire découvrir ou redécouvrir ce patrimoine remarquable, tant aux habitants de la commune que de la 2C2M, qui comprendront désormais le choix qui avait été fait en 2007 de sécuriser l’édifice en le plaçant sous alarme et accès sécurisé pour le garantir des trop nombreux vols dont ont été l’objet bon nombre de nos églises depuis les années 1970 avec le marché des trafics d’œuvres.

Saint-Nicolas : groupe sculpté, 96 cm de haut, bois polychrome (et camée dans la mitre), classé MH depuis 1978. Placé dans la niche de l’autel de la nef latérale sud (droite du chœur), il témoigne du vocable sous lequel l’église de Le Favril est placée et dédicacée. Datée du XVIIIème siècle, cette statue garde une forte influence du style espagnol qui avait prévalu dans nos régions alors que le traité des Pyrénées de 1659 rattachait la commune à la France un siècle plus tôt. Facilement identifiable à ses attributs : habit épiscopal et saloir où selon la légende se trouvent 3 jeunes enfants voués à être mangés et qu’il sauva. Sa crosse est manquante.
Saint-Roch : statue en bois (et yeux en verre), 81 cm de haut avec socle, classée MH depuis 1978, datée de la seconde moitié du XVIIIème ou du début du XIXème siècle. De très belle facture, elle témoigne d’un culte fort répandu dans l’ensemble de la chrétienté dès le Moyen-Âge et également dans nos contrées non moins épargnées par toutes sortes d’épidémies frappant bêtes et gens et contre lesquelles il était invoqué et l’est encore de nos jours pour avoir été lui-même frappé de peste. Ses attributs sont son fidèle chien compagnon, sa tenue de pèlerin et l’exposition du bubon sur sa cuisse. La présence de l’ange guérisseur est ici  moins habituelle. Non exposée.
Saint-Pierre : statue en chêne polychrome, 65 cm de haut, classée MH depuis 1978, datée du XVIème siècle. Outre la clé comme attribut très distinctif, il est figuré chauve, avec une touffe de cheveux sur le devant dessinant une tonsure que les juifs d'Antioche lui aurait été imposée par dérision et qui aurait été perpétuée dans le clergé par esprit d'humilité. Originellement placée dans la chapelle du Bon Dieu de Giblot avec d’autres toutes aussi précieuses, cette statue de par sa valeur est aujourd’hui gardée dans l’église (non exposée). Au vu de sa facture plus sobre, elle peut être antérieure à la chapelle actuelle datée de 1694.
Saint-Pierre : statue en bois, datée de la seconde moitié du XVIIIème ou du début du XIXème siècle, placée dans la niche latérale gauche du maître autel dans le choeur, elle fait classiquement le pendant à Saint-Paul dans la niche opposée à droite (même facture, même époque). Doté de la clé comme attribut (outre le livre des épîtres) suggérant le pouvoir de pardonner ou de condamner au nom du seigneur, elle symbolise l’accès au Paradis dont il est le gardien de l’accès. En vis-à-vis, l’apôtre Paul (non représenté) possède l’épée à double tranchant rappelant que « la parole du Seigneur est tranchante comme une épée ». À noter que St-Pierre et St-Paul sont les patrons de l’église de Landrecies auxquels elle est dédiée. 
Ecce homo : expression latine signifiant « Voici l’homme » utilisée par Ponce Pilate lorsqu'il présente Jésus à la foule, battu et couronné d'épines. Cette mention inscrite sur le socle de la statue désigne en fait le « Bon Dieu de Giblot » tel qu’il était vénéré à la chapelle du même nom, rue d’Ors. D’autres noms désignent la même scène de la Passion du Christ : le Christ flagellé, le Christ aux liens. De facture assez naïve mais non moins raffinée, cette statue d’environ 45 cm de haut, en bois polychrome, pourrait être l’œuvre d’un artisan/artiste local et dater du XVème ou XVIème siècle. Une tradition voudrait qu’elle soit le don du pape Innocent III. Giblot correspond en fait à Gembloux, près de Namur (Belgique), d’où le culte s’est amplement étendu jusqu’en Hainaut.
Sainte-Restitude : statue en bois polychrome, environ 50 cm de haut. Comme d’autres statues, elle était originellement placée à la chapelle du Bon Dieu de Giblot, d’où elle a été rapportée et mise en sécurité à l’église (non exposée). De facture également assez comparable au « Bon Dieu de Giblot », elle pourrait dater de la même époque et provenir d’une même création locale. Honorée en Corse du Sud comme vierge martyre du IVème siècle, elle semble être également mentionnée sous le nom de Restitute. Localement connue dans certains villages voisins comme à Fesmy-Le-Sart (02), son culte serait aussi lié à l’invocation contre les épidémies, en référence à sa légende posthume.
Sainte-Catherine : statue en bois polychrome, environ 60 cm de haut. De facture récente (XIXème siècle), elle est le don de la jeunesse et pourrait constituer le pendant logique pour les jeunes filles du Saint-Nicolas également invoqué pour les jeunes enfants et jeunes hommes. Vierge martyre du IVème siècle à Alexandrie, la statue reprend très classiquement l’attribut de Sainte-Catherine qu’est la roue brisée, à pointes, en référence à son supplice. Non exposée.
Vierge à l’enfant : statue en bois (tilleul) polychrome, environ 70 cm de haut. De facture également plus récente (mi-XIXème siècle), elle est de composition très soignée et expressive. Placée dans la niche de l’autel de la nef latérale nord (gauche du chœur), elle symbolise la dévotion très courante et très ancienne du culte marial.

Une statue, de Sainte-Anne (non représentée), aujourd’hui conservée à l’église (non exposée), était placée dans le bel oratoire en pierre bleue de la rue d’Ors édifié en 1777 qui lui était dédié. Enfin, une Sainte-Véronique, aujourd’hui disparue alors qu’elle était placée également à la chapelle du Bon Dieu de Giblot était connue pour être aussi un don d’un pape.


Que l’œuvre de sauvegarde et de sécurisation menée par René Brunelet avant d’achever son mandat de maire en 2008 trouve, à la lecture de cet article, toute la reconnaissance et la gratitude que nous pouvons lui témoigner collectivement en ayant préservé ces précieux témoins du passé des affres du temps et de la prédation malveillante.

Frédéric Damien