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Vestiges de la guerre 39-45

À Croix Caluyau, rue du Moulin, au lieu dit « revenez vous en », se trouve un ensemble de ruines. Ces anciens bâtiments ont une histoire.

Bâti à l’écart du village et à proximité du « carrefour de l’abattoir », ce centre de transmission et de remise en forme de l’armée allemande a été érigé en partie par les habitants de Croix-Caluyau et détruit juste avant le départ de l’armée allemande en 1944.
C’est le 28 septembre 1942 que commence la réquisition des terrains. Moment douloureux pour les vingt cultivateurs des communes de Forest, Ovillers et Croix-Caluyau qui devaient subir des pertes d’exploitation et d’élevage. Messieurs Henniaux, Dosière, Legrand, Moine, Thurette, Delsart, Lobelle, Tuche, Soufflet faisaient partie des expropriés.
Les 53 hectares avaient la forme d’un grand rectangle et à son extrémité  se profilait une longue bande de terrain qui rejoignait la route d’Ovillers et servait ainsi de deuxième entrée.
Le 8 juin 1943, une convention fut signée entre l’interprète, le sous-lieutenant et les vingt cultivateurs. Ce document stipule que :

  1. Les intérêts militaires exigent la nomination d’un seul responsable dirigeant l’exploitation du terrain entier susdit. M. Henri Soufflet est chargé du plein pouvoir afin qu’il représente les droits des vingt intéressés.
  2. Le délégué est responsable de l’exploitation du terrain, de la culture, intensive ainsi que la récolte des terres. Il emploie pour les travaux les cultivateurs intéressés ou d’autres auxiliaires. Il règle les indemnités.
  3. Il est interdit d’accéder au terrain sans laisser- passer et seulement par les accès prescrits.

Durant l’occupation, les ouvriers agricoles se rendaient au camp à partir de 7 heures et devaient le quitter avant 18 heures. Ils y avaient accès par la rue du Moulin et devaient présenter le laisser- passer et la carte d’identité. Ils étaient en quelque sorte dans un autre monde où parfois ils apercevaient de très belles allemandes. Les limites de leurs parcelles n’existaient plus. Les piquets de clôture en bois avaient été brûlés ou récupérés pour un autre usage.
Ces vingt expropriés durent attendre 1947/1948 pour se voir indemniser par l’Etat au titre de réquisition de propriété non bâtie.
Exemple d’une partie de la  réclamation de M. Dozière-Druesne : 50 piquets à 80 francs - 60 piquets de bois à 30 francs  - 1800 mètres de fil ronce - préjudice des pertes de bénéfices, …

 

Aujourd’hui, toutes ces petites parcelles n’existent plus. Les vestiges des bâtiments sont toujours visibles.


Leur édification fera l’objet du prochain article.

 
Elisabeth Pruvot