Notre
revue propose dans ce numéro une mise à jour de tous les éléments
d’information touristique utiles aux visiteurs de notre territoire,
dans chacune de ses dix communes. Pour la plus importante
d’entre elles, Landrecies, figure en particulier un rappel du parcours
de découverte de la ville, « Suivez les clous », qui
matérialise le tracé des anciens remparts de la ville : une
centaine de clous en alliage de cuivre et laiton sur lesquels figure le
pentagone de ces fortifications, ainsi que l’endroit ou se trouve le
marcheur. Quatorze panneaux informatifs jalonnent cet itinéraire où
l’on peut trouver des explications sur le passé de Landrecies, ses
hommes célèbres, ainsi que sur les événements qui ont marqué son
histoire.
L’occasion nous est là donnée d’évoquer celui qui, dans la perspective
de la rénovation et de la revitalisation du centre-ville, fut
l’initiateur de cette opération et le rédacteur des textes informatifs
ci-dessus évoqués. Jean-Louis Boucly, professeur de lettres, nous a
quittés il y a un an et demi, à l’âge de 69 ans, et l’érudition de cet
homme s’est exercée au bénéfice de tout le territoire puisque ses
recherches et ses publications ont porté non seulement sur Landrecies,
mais encore sur Maroilles, Prisches, et il n’était pas rare d’avoir
recours à ses connaissances et à sa documentation (énorme!) pour en
savoir un peu plus sur l’une ou l’autre de nos communes.
Jean-Louis Boucly, né à Saint-Rémy-du-Nord, enseigna le français et le
latin dans différents établissements de la région, après des études de
lettres classiques à Lille. Ses premières recherches, ses premiers
travaux, portèrent sur son lieu de naissance. Après quoi, il entra de
plain-pied, et avec passion, dans le domaine de l’archéologie, sur le
site des ruines romaines de Bavay, qu’il découvrit sous la conduite du
chanoine Biévelet, directeur des fouilles. Sa curiosité s’élargissant,
il procéda également à des fouilles à Maroilles, où il fit rénover, au
côté de Jean Vaillant, les orgues de l’église, avec
l’aide du sous-préfet d’Avesnes à l’époque, M. Regnery, dont il fut le
professeur des quatre enfants.
L’homme de lettres, l’archéologue, installé à Landrecies en 1971,
allait se transformer en authentique historien de la région, écrivant,
cherchant, collectionnant, sur une foule de sujets dont il pouvait
parler avec compétence et passion. Citons-en quelques-uns :
l’artisanat et les fromages du bocage, les foires et marchés de
Landrecies, la vie sous l’occupation allemande en 14-18, les mémoires
de Roger Robert, chef de la Résistance à Landrecies lors de la guerre
39-45, l’histoire des communes de Prisches et Maroilles, celle des
fortifications de Landrecies, ville légionnaire ; la vie de
Dupleix, naturellement; il concourut enfin à l’aménagement de la Halle
aux grains de sa ville comme lieu de culture et de patrimoine.
Son engagement au service de l’histoire et de la culture était
indissociable de son attachement à la terre, tant au sens propre (les
champignons étaient l’un de ses « dadas ») qu’au sens moral
du terme. Il accompagnait les lycéens lors de visites guidées du
cimetière pour découvrir les personnalités locales : le général
Louis-Toussaint Doutrelaine, qui participa à la campagne du Mexique
auprès de Napoléon III, ou le géologue Jules Gosselet, qui allait
léguer sa collection de fossiles et de minéraux à la ville.
Pour autant, Jean-Louis Boucly se refusa à tout engagement public ou
politique, se contentant d’épauler Francine Michaux, adjointe aux
affaires sociales et à la culture de la ville. Une ville qu’il aimait
et qu’il voulait faire bouger dans le domaine qui était le sien, le
patrimoine, dans une démarche exclusivement bénévole.
On peut encore évoquer son militantisme en faveur de la langue
française ou de l’enseignement classique (il n’était pas optimiste sur
ce sujet !). Il manifestait une véritable boulimie d’archives et
d’objets de collection en relation, bien sûr, avec l’objet de ce qui
caractérisa sa vie et sa carrière : l’histoire de notre territoire.
Officier des Palmes Académiques, chevalier des Arts et lettres,
Jean-Louis Boucly se vit remettre la Légion d’honneur des mains de M.
Jacques Legendre, sénateur et ancien ministre, en 2001 et il est
certain que l’ensemble de ses études et de ses publications (1)
constitue un trésor inestimable, tant pour les actuels habitants de
notre canton que pour les générations à venir, qui pourront
puiser là aux sources du passé pour mieux comprendre le présent, selon
l’expression bien connue.
Il était juste de se souvenir avec gratitude de ce formidable travail,
qui éclaire la vie de notre territoire, hier et aujourd’hui…
|