a   a

LANDRECIES

Comment la statue de Dupleix, fierté des Landreciens, a été sauvée pendant les deux conflits du vingtième siècle.

(le sauvetage en 14-18)

****

Nous n’allons pas relater l’histoire de Dupleix, gouverneur général de la Compagnie des Indes de 1742 à 1754, qui a laissé une profonde impression dans notre ville.
Nous allons essayer de raconter l’histoire de la statue de Dupleix qui se dresse face à l’hôtel de  ville.
Notre pays a connu les deux grands conflits mondiaux, et les convoitises ennemies pour un métal rare, en temps de guerre, furent très vives.
Après l’armistice, la « Voix du Nord » a voulu rendre hommage aux maires qui ne déméritèrent pas pendant ces années difficiles.

Inauguration de la statue
Dupleix décéda dans une misérable mansarde en 1763, et tous les historiens mentionnent qu’il est mort ruiné. Mais la ville de Landrecies et ses habitants ne voulurent pas que soit oubliée la mémoire d’un si grand homme et une souscription fut lancée en 1818. C’est en 1888 que s’éleva la statue de Dupleix sur la place. Elle le représente en marquis porteur du grand cordon de l’ordre de Saint Louis. Il indique de la main droite le sol de l’Inde où il planta le drapeau français qu’il tient dans la main gauche. C’est une œuvre du sculpteur Léon Fagel de Valenciennes.

   
Dupleix ... au milieu des ruines (14-18)       L'hôtel de ville aujourd'hui

La première guerre mondiale
Après l’invasion de 1914, les métaux ferreux et le bronze devinrent rares. En 1917, les cloches de l’église furent enlevées, sauf une, grâce à l’intervention de la municipalité.
Les Allemands s’intéressèrent alors à la statue de Dupleix. M. André Bonnaire, maire et grande figure patriotique du moment, eut les larmes aux yeux quand la Kommandantur lui spécifia que la statue allait être enlevée pour confectionner des armes et des munitions. Que faire ?
Ses sentiments patriotiques commandèrent une action immédiate. Après avoir consulté ses amis qui géraient les intérêts de la ville en ces moments critiques, il demanda une audience officielle au commandant de la place, puis au quartier général de Saint-Quentin, de qui dépendait la ville.
Aprement, il défendit la mémoire de Dupleix et montra tout l’intérêt que conservait la ville pour cette statue. L’officier allemand ne se laissa pas fléchir.
Une inspiration vint à l’esprit de M. Bonnaire. Il déclara à l’officier occupant : « vous ne pouvez pas enlever cette statue. Dupleix était comme vous un ennemi des Anglais ».
Cet argument ébranla un peu l’officier qui décida d’en référer à Berlin. La partie devait être gagnée. Deux mois plus tard, M. le Maire avait la joie d’apprendre que, par ordre du Kaiser, la statue de Dupleix resterait sur la Grand-Place de Landrecies.

Mario Papa  (d’après un article paru dans la Voix du Nord)