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UNE DESTINEE TRACEE PAR LE HASARD


Comme on le dit « le hasard fait bien les choses ». Voici un couple qui repère en 1983 une maison inhabitée depuis plus de dix ans au 10 Chaussée Brunehaut à Croix-Caluyau … mais qui malheureusement n’est  pas à vendre. Ils en parlent à leurs proches en disant que cette demeure,  sans eau ni électricité, a du charme et qu’ils aimeraient l’acheter. Ce désir devint réalité grâce à un membre de la famille qui repéra dans un journal l’annonce de la vente de cette maison. En 1984, ils en sont propriétaires après une certaine hésitation : l’épouse venait de perdre son travail de couturière à l’entreprise  « Jupiter » de Caudry.
Des travaux furent entrepris au rythme des finances car madame travaillait désormais de contrat en contrat, ce qui suscita un jour de 1991 une grande interrogation : que faire pour avoir une activité fixe ? La réponse fusa spontanément : ouvrir une friterie !
Sans penser à autre chose, Mme et M. Becker entamèrent les démarches. Ils  se rendirent auprès d’un comptable qui effectivement les a bien conseillés. Ensuite, ils  demandèrent les autorisations afin d’occuper le domaine public puis ils allèrent à la chambre de commerce. Enfin ils étaient prêts à effectuer une formation car, en matière de commerce, ils ne connaissaient que les échos de la belle maman qui avait un café. Finalement, cette mise à niveau ne se fera pas.

  En avril 1991, commence donc cette activité avec une caravane tractable, avec la volonté de réussir et le métier à découvrir. En effet, ce n’est pas facile de réussir des frites en grande quantité !
La semaine, Mme Becker, seule, sert les clients. Le week-end avec son mari, ils font les brocantes. Mais après plus d’un an, ils les suppriment car cela ne permet pas de fidéliser les clients. Ils décident donc de passer à l’étape supérieure et de fixer, au 10 Chaussée Brunehaut, la friterie «Eliane et Marc».
Après trois ans, le tissu de clients s’étoffe et Mme Becker ne peut plus continuer seule, surtout l’hiver car l’activité est de plus en plus intense. Son mari, qui vient d’être licencié après 23 ans passés dans le secteur de la broderie, prend la décision de travailler à la friterie. Ils s’organisent et se partagent le travail.

Cette tâche les oblige à bannir les repas familiaux, à rendre leurs deux enfants indépendants et responsables. Ce travail de longue haleine permit de fidéliser les habitants des villages environnants, de passage, car au départ la restauration rapide n’était pas dans les habitudes des gens.
Depuis 18 ans, Mme et M. Becker exercent cette profession qui demande du temps pour la logistique, la comptabilité, le service. Cependant, ils regrettent l’absence de la vie familiale et de n’avoir fait davantage de publicité. Mais la grande satisfaction sera certainement d’avoir lancé en 1992 les « frites au Maroilles ». 


Elisabeth Pruvot