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Le moulin des tricoteries à Le Favril

Histoire d'une chambre d'eau

 

Parmi les 3 moulins à eau (dont 2 seuls subsistent aujourd’hui) et les 2 moulins à vent (aujourd’hui disparus) qui existaient sur le territoire de la commune de Le Favril au XVIIIème siècle, le Moulin des Tricoteries est le plus connu car le plus ouvert sur son environnement et il mérite un regard particulier dans le sens où il allie parfaitement histoire, présent et avenir…  

            
Du passé…                                                     
Ce moulin, le plus ancien de tous, fut construit au milieu du XVIIIème siècle par J.P. Salengros sur concession et octroi du duc d’Orléans du 6 mai 1755 et obtint le droit de moudre du grain le 27 mars 1757 par l’intendant du Hainaut. Puis, après 130 ans d’activité comme moulin à blé, il serait devenu moulin à filer et tisser la laine ou le lin dès 1885, probablement doté d’un métier à tisser Jacquard.

Situé dans un méandre de la Riviérette, le moulin, éloigné des rives du cours d’eau (probablement du fait des crues dont est capable la Riviérette), était alimenté par un canal partiellement souterrain relié à un bief (retenue d’eau) aménagé en amont sur le cours de la rivière et qui rejoignait la chambre d’eau où se situaient les roues à augets permettant de transformer la force hydraulique en force motrice pour actionner les meules. Particularité notable, l’eau sortant du moulin poursuivait son cheminement par un nouvel aqueduc voûté d’environ 150 mètres pour regagner la rivière 500 mètres en aval.

Le bâtiment traditionnel en briques, linteaux, encadrements de fenêtres, dallages et arcades en pierre bleue au sous-sol a connu bien des aménagements (roue extérieure couverte fin XVIIIème siècle pour donner la chambre d’eau et charpente constituée de bois de récupération d’un ancien moulin à vent appartenant au même Salengros), des transformations (suppression d’une grange perpendiculaire attenante au corps rectangulaire subsistant du moulin actuel) et des utilisations au fil du temps (camping à gestion privée dans les années 70-80) pour devenir un lieu ouvert et accessible à tous les amateurs d’art et de culture…

 

 

… au présent et au futur
Avec la détermination, le souci de l’esthétique et de la conservation de ce précieux témoin d’architecture et d’histoire locale, les nouveaux propriétaires du Moulin des Tricoteries, Vincent et Nathalie Dumesnil ont su lui donner une nouvelle vocation, outre le fait d’avoir choisi d’y résider dans un cadre bocager et bucolique, ils y ont créé avec un groupe de personnes intéressées par le projet, une structure culturelle, judicieusement dénommée « la chambre d’eau », dont l’objet est le développement culturel des territoires et le soutien à la création artistique contemporaine. Cette association, aidée principalement par l’Europe, le conseil régional Nord/Pas-de-Calais et le conseil général du Nord est à l’origine de la création de trois emplois permanents et d’une vingtaine d’emploi d’artistes professionnels chaque année.

« La chambre d’eau » accueille des résidences d'artistes et s'applique à supporter et diffuser des actions culturelles dans tout le sud du département. L'ancien moulin aménagé permet de loger des artistes et la salle en sous-sol peut accueillir une exposition, un concert ou du théâtre. Depuis l’origine du projet, des milliers de personnes sont venues aux Tricoteries, ont participé à une rencontre ou à un atelier avec un artiste. Peu à peu les habitants des environs se sont ainsi familiarisés aux différentes propositions de « La chambre d’eau » consultables sur le site www.lachambredeau.com (mail : contact@lachambredeau.com) et menées en partenariat étroit avec de multiples acteurs locaux (communes, communautés de communes, d’agglomérations, Parcs Naturels Régionaux avec l’opération « Kiosques en fête »...) ou à l’étranger pour produire des actions de qualité et amplement appréciées des visiteurs qui n’ont pas hésité à se laisser séduire.


Frédéric DAMIEN (informations recueillies lors d’un entretien avec Vincent Dumesnil)